The Wicked Deep de Shea Ernshaw


Les romans / vendredi, juin 14th, 2019

Des voix venues des profondeurs

Après Waterwitch et Hazel Wood, The Wicked Deep de Shea Ernshaw s’est imposé de lui-même… Je pense que cette période de l’année est assez propice pour moi à ces lectures mêlant fantastique, sorcellerie et mythologie maritime ! (Force est de constater que d’avril à juin, ce sont souvent les ouvrages qui m’attirent le plus …. !)

« Il y a des lieux qui sont sous l’emprise de la magie. Pris dans ses filets.
La ville de Sparrow renfermait peut-être des fragments de magie bien avant que les sœurs n’arrivent, en 1822. A mois que les sœurs ne les aient apportés avec elles en traversant le Pacifique. Personne ne le saura jamais. Leur beauté et leur malheur étaient peut-être un sortilège en soi, tissé dans un endroit sauvage comme Sparrow dans l’Oregon, un endroit où l’eau déversait l’or des montagnes et où la mer faisait sombrer les navires quand la lune était pleine et la marée d’humeur vengeresse ».

Une tradition ancienne 

Quand les horreurs du passé deviennent les fêtes d’aujourd’hui…

Je me suis glissée dans les rues de Sparrow avec une certaine aisance, dans cette petite ville qui s’est construit autour d’une macabre tradition depuis prêt de 200 ans… Une ville qui ne semble prendre vie que lorsque la mort rôde dans ses rues. Chaque année, au mois de juin, les Swann Sisters font revenir les touristes avides de tourisme macabre et d’un festival pour le moins malsain.

Chaque année des jeunes hommes et des jeunes femmes meurt. Comme un tribut, une fatalité que personne ou presque n’essaye de changer… Peut-être une secte perpétue-t-elle une tradition mortifère depuis 1822 ?

« Depuis les eaux noires du port, leur chant infiltre les rêves, imprègne l’herbe cassante qui pousse le long de falaises escarpées et les maisons qui pourrissent. Il s’installe au cœur des rochers supportant le phare ; il flotte et tournoie dans l’air jusqu’à ce qu’on ne puisse plus goûter et respirer que lui ».

Un rendez-vous de trompe-la-mort…  

La jeunesse de Sparrow exorcise ses fantômes…

Nous sommes face à un roman jeunesse. Cela se traduit par la transparence quasi totale du monde adulte. Des adultes qui n’ont aucune prise sur la réalité, prompt à juger et à faire de mauvais choix. Il y a bien sûr quelques exceptions… Mais ici, le mois de juin n’est qu’un huis-clos rassemblant la jeunesse de Sparrow dans de nombreux jeux macabres, comme pour tromper la mort… La vraie. Celle qui ne s’explique pas. Entrera, entrera pas dans l’eau ? Deviendra sorcière ou mourra noyé ? Qui sera choisi ? Alors la jeunesse de Sparrow boit. Elle fait sa propre justice, sa propre chasse aux sorcières…

Une héroïne  nimbée de mystère

Notre héroïne est déjà entourée par la mort et une forme de brume permanente qui occupe son esprit et envahit celui de sa mère. Si elle semble calme, ce n’est pas qu’elle est cartésienne, non, seulement qu’elle ressent les choses différemment et tâche de les éviter au mieux en ne quittant pas l’île Lumière. L’île du phare. Un lieu entre les mondes. Sans doute aura-t-elle vécu cette nouvelle saison des Swann Sisters retirée du monde comme toutes les autres années, si elle n’avait fait la connaissance d’un étranger. Un étranger qui arrive au plus mauvais moment de l’année, un jeune homme qui n’est peut-être pas là par hasard… Et pour lequel elle va commencer à trembler. Car la mort semble rôder autour de l’étranger… Et Penny va peut-être devoir se confronter à la malédiction.

Et si Penny devait se confronter à ses pires craintes, être la seule à vouloir briser une malédiction centenaire… Si c’était la seule chose à faire pour le sauver, lui ?

« Nous attendons la mort. Nous retenons notre respiration. Nous savons qu’elle arrive et pourtant nous tressaillons quand ses griffes nous enserrent la gorge
Et qu’elle nous entraîne dans les profondeurs ».

The Wicked Deep, Brume, nostalgie, haine et vengeance

Le passé toujours présent à Sparrow

J’ai lu cette histoire d’une traite, l’ambiance est magique, brumeuse, nostalgique voir parfois terrifiante, car ce qui se raconte en filigrane est une des pires périodes humaines… Une histoire de haine, de peur et de vengeance. La mort n’a pas faire cesser le cycle et on ne peut que s’interroger sur ce que nous ressentirions ou ce que nous aurions envie de commettre si nous avions la possibilité, après une telle injustice ? De la rage, on peut l’imaginer, naît la violence, le meurtre… Quand les victimes deviennent bourreau… est-il encore possible de trouver des circonstances atténuantes ?

Mais toutes ces violences et cette tristesse est enrobée d’une forme de poésie, une nostalgie, la situation se déplie lentement, j’avais l’impression d’être prise dans du coton, une sorte de situation coupé du temps… A l’image de l’Île Lumière. En conclusion, j’ai beaucoup aimé cette histoire, même si certaines choses se voient venir à l’avance, cela n’a pas atténué la fin… Et quelle fin. Une belle découverte !

 

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