Le monde fantomatique de Nicolas de Crecy


Les romans / dimanche, mars 31st, 2019

Les amours d’un fantôme en temps de guerre

J’ai perdu la trace de mes parents très tôt, je n’avais pas quinze ans. J’étais encore ce que l’on pourrait appeler un bébé fantôme, un bout de chiffon blanc moins large qu’un mouchoir. Un soir, je me suis laissé porter par le mistral, j’ai vu une vallée, des lumières, la mer. J’ai croisé des animaux que je n’avais jamais vus auparavant, et quelques humains qui ont pris peur. Je n’aurais jamais dû m’échapper ce soir-là.

La destinée d’un jeune fantôme au cours d’un siècle guerrier, qui le mènera à s’engager dans la résistance avant d’éprouver ses premiers émois sentimentaux.

Il était une fois le monde fantomatique …

« Lili était une ravissante petite fantôme, assez jeune elle aussi, bien que de quinze ans mon aînée. Elle était d’une belle étoffe, de celle qu’on trouve plutôt en Orient. Elle était satinée, d’un blanc doux, dont les ombres tiraient vers l’ocre. Je me rappelle encore avec émotion combien elle sentait bon ».

De la poésie, les couleurs passées des aquarelles, automnales et diffuses. Et la vie de ce jeune fantôme qui raconte les années les plus dramatiques de sa « vie ».

Un monde parallèle au notre où les événements se produisent toujours avec un temps d’avance … 

Le reflet de nos humanités, précurseurs de notre noirceur 

La tragédie de ces années terribles du XXème siècle, sous le prisme de cette civilisation fantomatique. Leur méthode, pas si loin des nôtres. De nombreuses versants de la guerre 40-45 sont abordées, même superficiellement et avec une grande finesse.

Ils prennent des formes différentes suivant leurs grades ou la faction à laquelle ils appartiennent. Certains ont des capes, d’autres des uniformes, la plupart sont gluants, avec le visage d’un défunt en ombre sur leur face. La milice est reconnaissable à ses longs manteaux de tissu noir, néanmoins certains d’entre eux sont en civil, difficile à identifier. Ils sont comme une nuée sombre, un flot de raies assassines qui émaillent le territoire. Par chance, nous sommes dans une zone qu’ils contrôlent mais qu’ils ont choisi de laisser libre – mais cela ne durera pas.

Les fantômes acides, ombres sinistres de nos propres fascismes. La pureté des tissus en guise de races… Le four pour les tissus trop légers. La résistance, la collaboration, les rafles, les disparitions et la fuite. Les missions suicides et les infiltrations, la résistance passive, la communication codée, les camps, la pureté raciale, la trahison. Plus étonnant encore l’utilisation de l’art et du passé pour justifier les actes présents, en rappel de l’art dégénéré. Nos propres fantômes se meuvent dans des maisons barricadées…  

Il suffira de l’odeur du vent dans les eucalyptus

 « Les amours d’un fantôme en temps de guerre » est servit par de sublimes illustrations, était pourvu d’une grande force, sa capacité à aborder des sujets aussi complexes et difficiles avec autant de vérité. Rien n’est édulcoré. Tout est là pour nous permettre d’ensuite aborder ce sujet d’une gravité extrême, et ce jusqu’à la montée silencieuse des extrêmes… qui se produit à la fin du roman, à notre époque. Et comme vous le savez maintenant, tout se passe toujours avec un temps d’avance… A nous d’en être conscient.

Un livre à mettre entre toutes les mains.

« Tout ce que j’ai vu, je peux le restituer. En images : je le convoque et elles apparaissent. C’est un principe magique, elles reviennent dans ma tête comme sur une toile de cinéma. Pour les faire revenir à ma mémoire, il suffit quelque fois d’une odeur. L’odeur du vent dans les eucalyptus, par exemple ».

Informations

Auteur : Nicolas de Crécy
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2018
Nombre de pages : 210

Le livre sur Babelio

Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez peut-être :

L’encyclopédie des revenants 

L’ancre des rêves

2 réponses à « Le monde fantomatique de Nicolas de Crecy »

  1. Salut !
    Ta chronique est alléchante. J’ai cliqué car je voulais en savoir plus sur ce livre que j’ai croisé en librairie et qui m’a intriguée, et tu donnes décidément envie de le lire !
    Au passage, j’adore le design et la bannière de ton blog.

    1. Merci pour ton retour ! J’espère que le livre te plaira quand tu te lanceras dans l’aventure !
      Et un tout grand merci pour ton compliment, ça me touche beaucoup <3

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Le monde fantomatique de Nicolas de Crecy


Les romans / dimanche, mars 31st, 2019

Les amours d’un fantôme en temps de guerre

J’ai perdu la trace de mes parents très tôt, je n’avais pas quinze ans. J’étais encore ce que l’on pourrait appeler un bébé fantôme, un bout de chiffon blanc moins large qu’un mouchoir. Un soir, je me suis laissé porter par le mistral, j’ai vu une vallée, des lumières, la mer. J’ai croisé des animaux que je n’avais jamais vus auparavant, et quelques humains qui ont pris peur. Je n’aurais jamais dû m’échapper ce soir-là.

La destinée d’un jeune fantôme au cours d’un siècle guerrier, qui le mènera à s’engager dans la résistance avant d’éprouver ses premiers émois sentimentaux.

Il était une fois le monde fantomatique …

« Lili était une ravissante petite fantôme, assez jeune elle aussi, bien que de quinze ans mon aînée. Elle était d’une belle étoffe, de celle qu’on trouve plutôt en Orient. Elle était satinée, d’un blanc doux, dont les ombres tiraient vers l’ocre. Je me rappelle encore avec émotion combien elle sentait bon ».

De la poésie, les couleurs passées des aquarelles, automnales et diffuses. Et la vie de ce jeune fantôme qui raconte les années les plus dramatiques de sa « vie ».

Un monde parallèle au notre où les événements se produisent toujours avec un temps d’avance … 

Le reflet de nos humanités, précurseurs de notre noirceur 

La tragédie de ces années terribles du XXème siècle, sous le prisme de cette civilisation fantomatique. Leur méthode, pas si loin des nôtres. De nombreuses versants de la guerre 40-45 sont abordées, même superficiellement et avec une grande finesse.

Ils prennent des formes différentes suivant leurs grades ou la faction à laquelle ils appartiennent. Certains ont des capes, d’autres des uniformes, la plupart sont gluants, avec le visage d’un défunt en ombre sur leur face. La milice est reconnaissable à ses longs manteaux de tissu noir, néanmoins certains d’entre eux sont en civil, difficile à identifier. Ils sont comme une nuée sombre, un flot de raies assassines qui émaillent le territoire. Par chance, nous sommes dans une zone qu’ils contrôlent mais qu’ils ont choisi de laisser libre – mais cela ne durera pas.

Les fantômes acides, ombres sinistres de nos propres fascismes. La pureté des tissus en guise de races… Le four pour les tissus trop légers. La résistance, la collaboration, les rafles, les disparitions et la fuite. Les missions suicides et les infiltrations, la résistance passive, la communication codée, les camps, la pureté raciale, la trahison. Plus étonnant encore l’utilisation de l’art et du passé pour justifier les actes présents, en rappel de l’art dégénéré. Nos propres fantômes se meuvent dans des maisons barricadées…  

Il suffira de l’odeur du vent dans les eucalyptus

 « Les amours d’un fantôme en temps de guerre » est servit par de sublimes illustrations, était pourvu d’une grande force, sa capacité à aborder des sujets aussi complexes et difficiles avec autant de vérité. Rien n’est édulcoré. Tout est là pour nous permettre d’ensuite aborder ce sujet d’une gravité extrême, et ce jusqu’à la montée silencieuse des extrêmes… qui se produit à la fin du roman, à notre époque. Et comme vous le savez maintenant, tout se passe toujours avec un temps d’avance… A nous d’en être conscient.

Un livre à mettre entre toutes les mains.

« Tout ce que j’ai vu, je peux le restituer. En images : je le convoque et elles apparaissent. C’est un principe magique, elles reviennent dans ma tête comme sur une toile de cinéma. Pour les faire revenir à ma mémoire, il suffit quelque fois d’une odeur. L’odeur du vent dans les eucalyptus, par exemple ».

Informations

Auteur : Nicolas de Crécy
Éditeur : Albin Michel
Parution : 2018
Nombre de pages : 210

Le livre sur Babelio

Si vous avez aimé ce livre, vous aimerez peut-être :

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2 réponses à « Le monde fantomatique de Nicolas de Crecy »

  1. Salut !
    Ta chronique est alléchante. J’ai cliqué car je voulais en savoir plus sur ce livre que j’ai croisé en librairie et qui m’a intriguée, et tu donnes décidément envie de le lire !
    Au passage, j’adore le design et la bannière de ton blog.

    1. Merci pour ton retour ! J’espère que le livre te plaira quand tu te lanceras dans l’aventure !
      Et un tout grand merci pour ton compliment, ça me touche beaucoup <3

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