Le garçon qui voulait devenir un être humain


Les romans / lundi, avril 23rd, 2018

Auteur : Jorn Riel
Éditeur : Editions 10/18
Parution : 2013
Pages : 240

Résumé 

Islande, vers l’an mil. Leiv, un jeune Viking dont le père a été assassiné, est farouchement déterminé à laver ce meurtre dans le sang. Il embarque clandestinement à bord d’un drakkar en partance pour le Groenland. Mais un tel voyage est périlleux, et semé d’imprévus. C’est dès lors un destin inattendu qui attend Leiv, avec la découverte d’un autre peuple, les Inuit, et l’apprentissage de la tolérance et de l’amitié. 

Il repensa à sa première année auprès des inuits. Ils lui avaient appris à vivre comme un Etre Humain, à se débrouiller, à partager avec les autres et à vivre en communauté. Il aimait cette communauté qui ici, unissait les gens plus qu’elle ne les opposait. Si en Islande quelqu’un avait eu des prétentions sur le bien d’un autre, cela menait invariablement à des actes de violence. En Islande, et d’ailleurs au Groenland également, dans les colonies des Narrois, on se battait pour s’approprier le bien des autres. Chez les Inuit, on donnait et on prenait sans distinction. Peut-être parce que personne ne possédait quoi que se soit de superflu. Ici, on ne connaissait que les besoins de base : manger, boire, travailler et dormir. Tout était si simple. C’était ça. S’il aimait vivre parmi les Inuit, c’était parce que leur vie était simple et digne.

Mon avis

 

J’ai tout aimé, à tel point que je ne sais pas trop par quoi commencer. Cette histoire est un voyage initiatique, tous les personnages y sont confrontés. Face à leurs certitudes, à leurs habitudes, chacun des protagonistes se voient obligés de se remettre en question, d’évoluer, de reconsidérer ses vérités. Et aucun personnage n’est réellement épargné par l’histoire, ou devrais-je dire par le monde éclatant dominé par le Sila, l’esprit du grand tout. C’est un point que j’ai beaucoup apprécié, même les personnages secondaires changent et évoluent, ils ont tous une consistance. 

J’ai aimé cette confrontation entre le monde des Inuits, ce pragmatisme sage qui se dégageait de leurs actions. Cette sagesse et cette humilité qui avait pour résultat de confronter le jeune viking aux comportements insensés de son peuple (et un peu de nous, occidentaux en général). Les sujets de questionnement et d’incompréhension principaux sont :

  • La violence (gratuite) et la guerre, un concept qui semble totalement étranger des « êtres humains »..
  • La volonté d’amasser les richesses et les biens, même totalement inutiles tels que des bijoux, ou des ressources surnuméraires (comme le dit si bien Narua, pourquoi prendrait-elle des dizaines d’aiguilles, alors qu’elle ne peut quand même qu’en utiliser qu’une seule à la fois ?). Bref, cette boulimie occidentale semble totalement dénué d’intérêt pour le peuple nomade qui voit en cet étalage un véritable fil à la patte. 
  • La notion de possession d’un autre être humain… bien difficile à comprendre encore pour ce peuple libre comme l’air.

Je ne comprends pas ce que tu veux dire, répondit Apuluk. Il répéta le mot que Leiv avait prononcé en islandais. ça veut dire quoi guerre ?
Leiv réfléchit longuement. Enfin il dit : La guerre, c’est l’absence de paix entre les gens. Certains veulent quelque chose qui appartient aux autres, et alors c’est la guerre. Et les gens continuent à se tuer jusqu’au moment où les plus forts gagnent.

Les propos sont clairs, simples et nous mettent d’autant plus devant l’inutilité des conflits et leur superficialité, dans l’esprit pragmatique du peuple Inuit.

J’ai vraiment peur de ne pas rendre justice à ce livre, car s’il est court, il est riche en réflexion et en enseignements. C’est une ode à la tolérance, à la compréhension mutuelle. J’ai adoré les protagonistes, ils sont tous très bien travaillés, ma préférée restant sans doute Narua. Ce personnage féminin est un régal et elle est véritablement vitale à ceux qui l’entourent… Et quelle personnalité « de feu » ! Mais globalement, le « trio » fonctionne excessivement bien et j’ai adoré suivre leurs aventures, aussi dures et tragiques fussent-elles. 

Il y a beaucoup de choses donc dans ce récit, c’est un  véritable condensé d’humanité. Un livre où justement on peut se poser la question de ce qui nous définit en tant qu’être humain selon notre culture et celle des autres. Et finalement, je ne pense pas que notre culture occidentale sort véritablement grandie de cette confrontation à la culture Inuit, et à la Nature, la vraie, celle qui vous rend humble et digne. 

Never Alone

Quand j’ai commencé cette lecture, mes images mentales et mes références ont clairement été inspirées par un charmant petit jeu, Never Alone, que j’avais découvert il y a quelques mois. Tout y était parfaitement fidèle et c’était absolument fascinant. Après je ne vois pas pourquoi cela devrait m’étonner, étant donné que ce merveilleux jeu a été réalisé en partenariat avec une communauté Inupiat. Ce jeu ayant pour vocation de faire découvrir leur culture au monde et de transmettre leur mythologie aux générations futures.

Et ce jeu, également court, était une petite pépite. La représentation de bons esprits, des mauvais esprits, l’environnement, les relations à la Nature et à la faune, tout cela était passionnant car ponctué de nombreuses vidéos et interviews de membres de la communauté expliquant leurs croyances. C’était très enrichissant.

Avec ce livre, j’ai eu l’impression de me retrouver dans ce monde, face aux mêmes problématiques de la violence aveugle et de la lutte contre les éléments. (Il ne manquait que le petit renard polaire !)

En somme, du livre ou du jeu vidéo, impossible de choisir ! Je vous conseille les deux ! 🙂

 

*Féeriquement*

 

 

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