Amours


Les romans / samedi, janvier 6th, 2018

Résumé

En 1908, dans le huis clos d’une maison bourgeoise du Cher, s’épanouit le sentiment amoureux le plus pur- et le plus inattendu. Victoire, précipitée dans un mariage arrangé avec un notaire, attend depuis cinq ans un fruit de cette union malheureuse. Lorsque la bonne de dix-sept ans, Céleste, tombe enceinte : cet enfant sera celui du couple, l’héritier Boisvaillant tant espéré. Victoire n’a pas la fibre maternelle, et le nourrisson dépérit. Céleste, mue par son instinct, décide de porter secours à l’enfant à qui elle a donné le jour…

Auteur : Léonor de Recondo
Éditeur : Points
Parution : 2015
Pages : 207

Mon avis

Sous les tuiles en ardoise de la maison bourgeoise, quatre personnes sont couchées, seul l’enfant dort. Les autres gardent les yeux grands ouverts. Chacun dans sa pièce, chacun dans sa solitude profonde, hanté par des rêves, des désirs, des espoirs qui ne se rencontrent pas,…

J’avais littéralement craqué sur la version collector, tout de doré et de papillons vêtue. Autant dire un sacré contraste avec le premier chapitre. Malaise. Je l’ai lu le temps d’une après-midi, c’était une belle lecture, poignante et qui me laisse encore pensive… 

Il y aura peut-être quelques spoilers dans les lignes qui suivent (quoique, rien qui ne soit connu dans le quatrième de couverture en fait…).

A partir de là, j’ai passé mon temps à osciller entre dégoût, tristesse et révolte, mais aussi de la tendresse pour le personnage de Céleste et tout ce qu’elle représente dans un passé, pas si lointain : ces petites bonnes « invisibles » qui œuvraient dans les maisons sans jamais avoir leur mot à dire, encaissant brimades et potentiels assauts sexuels de la part de la gente masculine dominante, Monsieur ayant ses besoins à combler. Un secret de polichinelle sur lequel tout le monde ferme les yeux, jusqu’à ce que le ventre de la jouvencelle s’arrondisse. C’est alors la colère de Madame, le renvoi potentiel, la déchéance de la fille-mère qui a osé pêché et qui est seule à payer le prix de la lubricité de son patron. 

Dans le vestibule qui le mène à son étude, Anselme croise Céleste, qui baisse aussitôt les yeux. Il ne la salue pas, elle n’existe pas. La bonne ne prend vie que de brefs instants. Tous les trois mois environ, quand une envie irrépressible le pousse à monter quatre à quatre les escaliers jusqu’à la petite chambre, jusqu’au petit lit en fer, pour serrer et tirer le chignon jusqu’à en jouir.

Céleste est un personnage terriblement attachant, elle est la jeune femme de la campagne, aussi fervente croyante que terre-à-terre, soumise, elle se tait et se réfugie dans la Foi, la Vierge Marie étant la seule « personne » qui la soutient dans sa vie.

Là, les familles se rencontrèrent et se jaugèrent. Tout le monde présentait bien, les mentalités s’accordaient, les portefeuilles aussi. Une ébauche de contrat fut discutée entre hommes, et la date du mariage arrêtée à deux mois plus tard.

Victoire est « Madame », une jeune femme vendue à son mari de notaire, sans affection, elle est là pour tenir son rang, avoir bel équipage et belles robes… Tout irait bien, si elle parvenait à tomber enceinte et à donner naissance à l’hériter tant attendu. 

Son corps de brindille inerte et infertile, face à celui si plein de la petite bonne qui s’arrondit chaque jour. Un mari rassuré dans sa virilité, un problème à régler… Aucun affect, aucune humanité. Ni amour, ni tendresse. C’est le point commun de ces deux femmes.  Cela, ainsi que le poids de la religion et des convenances… L’ignorance crasse dans laquelle on laisse les jeunes femmes quant aux choses du corps, pour le bien de leur âme, sans doute. 

Certes, Céleste a porté l’enfant, et il n’est pas très fier d’avoir trompé Victoire,mais les hommes ont des besoins que les femmes n’ont pas, tout le monde le sait ! Et puis, il l’a trompée avec une bonne, pas avec une autre femme !

Contre toute attente, ce qui fut décider pour préserver la réputation de la famille, provoquera bien d’autres changements dans la vie bien rangée du notaire et de sa maisonnée. 

Dans cette tourmente où naît l’enfant, Madame a le cœur sec, l’autre à l’instinct inné du corps et ce désir de protéger la chair de sa chair. L’enfançon se meurt. Céleste décide d’agir. Autour de cet enfant, par un étrange concours de circonstances, ces deux femmes vont se trouver, découvrir ce qui leur est interdit et leur vie en sera à jamais transformé…

Quand on a vécu dans sa chair ce qu’il y a de plus obscur, on comprend combien il faut choyer la lumière, aussi éphémère soit-elle.

Comment revenir en arrière ? Comment vivre sa foi en tant que fervente catholique et sauver son âme du pêché ?

L’amour décrit dans ce roman est intense, bouleversant et va mener ces femmes à se libérer… de toutes les manières possibles. 

Je suis toujours entrainée par la profondeur des sentiments et la puissance de la foi, par la violence des conditions sociales et les situations inextricables qu’elles provoquaient alors, ce mode de pensée qui nous est étranger tant notre monde a changé. C’est à pleurer. C’est révoltant et injuste.

 

Dans la lignée « Du domaine des murmures », qui mêlent conditions féminines, foi et liberté… Peut-être que je devrais me lancer dans la « Servante écarlate »… maintenant…

 

Demat. 🍁Je n’ai pas été très présente ces derniers temps, le début d’année fut un peu compliqué. Et du coup, je n’ai pas encore eu l’occasion de parler de ma dernière lecture de l’année 2017 : « Amours » de Léonor Récondo.🍂 J’avais littéralement craqué sur la version collector, tout de doré et de papillons vêtue. Autant dire un sacré contraste avec le premier chapitre. Malaise. Je l’ai lu le temps d’une après-midi, c’était une belle lecture, poignante voir bouleversante et qui me laisse encore pensive… Mais je vous en parle un peu plus sur le blog 💖 J’hésite à faire des critiques directement sur Instagram, vous en pensez quoi ? 🧚🏻‍♀️ #booklover #bookworm #book #bookstagram #bookblogger #livrestagram #livraddict #livre #roman #leonorderecondo #amours #lecture #roman #lecturedumoment

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