Demoiselle de la tour


Bavarder - La Grand Place, Oldwishes / mardi, mai 4th, 2010

Je me rends compte que j’ai toujours été fortement attirée par les récits de demoiselle esseulée et enfermée dans une tour sans porte ni fenêtre. C’est sur cette thématique que j’ai réalisé le nouveau thème de ce journal, grâce à mon amie Mélanie Delon qui a accepté de me confier sa superbe illustration Trapped pour que je puisse retrouver mon univers à travers le sien, pour retourner là où je ne suis plus capable d’aller moi-même. En y réfléchissant bien, cette thématique correspond en tout point à ce que je suis en ce moment… Mais elle est également présente depuis très longtemps dans mes travaux et mes écrits.

Je vais m’amuser ici à passer en revue ces dames de la tour qui ont croisé mon chemin.

Il y a ce conte que j’aime profondément : « Comment la lumière descendit sur la tour... » de Storm Constantine. Un vrai bijoux sur l’enfermement qui est parfois plus moral encore que physique. Saphariel, héroïne solitaire qui refuse de voir le monde car il lui fait peur et qui s’est construit une tour dans laquelle elle se mure, où les miroirs sont recouvert de draps, où l’extérieur – ce qui n’est pas « moi » – est banni… Elle s’imagine la vie, ce que les gens pensent d’elle et finalement, vit dans un aveuglement dont elle est seule responsable et dans lequel elle se complait. Mais comme dit si bien le conte :

« Dans cette partie du monde, les gens racontent une légende. Celle d’une belle femme dont l’âme ne pouvait regarder que vers l’intérieur, qui s’emprisonna dans une tour car la vie lui faisait peur. Les gens parlent d’une ruine dans la forêt où un miracle s’est produit, où l’Inaccessible, la Chimère, devint chair et vint à elle pour briser ses chaînes. Ce n’est qu’une légende, bien sûr, une légende qu’on me raconta pour la première fois il y a bien longtemps, mais encore maintenant, j’entends qu’on dit que dans la forêt autour de la ville de Tooreal, par les nuits de pleine lune, les voyageurs peuvent encore apercevoir Saphariel traverser les airs comme un fantôme, et que la voir remplit l’âme de Lumière. »

L’illustration Forgotten Darkness était un hommage à cette histoire. Cette tour où on ne voit que l’obscure silhouette de Saphariel. Si c’est clair dans cette illustration, je constate avec un peu de recule que bon nombre des mes héroïnes ont le même profil de personnage solitaire et mélancolique qui complète le monde avec un regard dure et sans complaisance, elles sont parfois masquée pour mieux s’éloigner de l’apparence. Elles ne poursuivent rien d’autres que l’ombre et le souvenir. Mes personnages sont tous les avatars d’un même hétéronyme, Nainië, cette belle dame Mélancolie qui arpente seule les forêts du Royaume d’Oldwishes et d’Ygora. Un personnage solitaire, silencieux qui observe le monde, tel qu’on peut finalement le lire dans mes « Solitudes », ces courts proses que j’ai écrit souvent lorsque j’étais dans le « mood ». Au final, mes personnages sont mélancoliques, arpenteurs de lieux divers, empreint de mélancolie et d’une certaine forme de fascination pour la solitude. C’est sans doute pour compenser cela qu’est né son alter ego, Ennaria. Personnage en tout point opposé et pourtant face d’une même pièce vu que j’ai souvent entremêlé les histoires de ces deux femmes.

Si j’ai eu envie de créer ce thème, c’est aussi parce que cette année fut difficile, elle ne fait que débuter et pourtant j’ai eu plusieurs accidents qui m’ont forcés comme mes personnages a rester seule dans ma tour à contempler la vie qui s’écoule ailleurs, sans moi. Pire, qui ne semble même pas se soucier que je ne suis pas là. Dans l’indifférence, contre une sorte d’adversité appelée « malchance » qui a fait de ces quelques mois de cours, non pas une normalité dans un cursus étudiant mais un véritable parcours du combattant. D’autant plus âpre est le combat lorsqu’on se rend compte de sa solitude dans ce monde et de la facilité que les gens ont de ne plus se rappeler de vous. Après des années de cours dans un monde d’indifférence et de mépris, on finit par se demander comment sortir indemne. J’en arrive à des situations superbement déprimantes où je ne sais même plus récupérer de notes auprès d’autres personnes car ceux-ci ne peuvent décemment pas donner leur temps d’écriture à une personne qui n’était pas là même si elle n’y peut rien. Et on s’étonne qu’on peut tomber sur la route sans que personne ne bouge 🙂 On crève bel et bien dans l’indifférence de tout un chacun qui entoure tout cela de bonne conscience et de bons sentiments histoire de faire passer la pilule amère.

J’ai l’impression de me dessécher comme un vieux pruneau. Au fil des années, de me désenchanter. Et pis encore, de me dire qu’en plus, après toutes ces années de gageures, j’aurai 27 ans, je ne serais nul part dans la vie et en plus j’aurai perdu une grosse partie de ma richesse aussi bien humaine qu’imaginative. A force de savoir écrire correctement les notes en bas de page, d’écrire du sujet-verbe-compléments, qui est bien sûr corroboré par X ou Y savant, je fini par ne plus savoir dire quelques paroles subjectives sans devoir justifier celle-ci par des tonnes de documents. A mesure que le scientifique apparait, l’intuitif se fait la malle. Après, j’en viens à me dire qu’une fois ces années passées, je pourrais digérer tout cela et finir par me ré-approprier mes connaissances avec ma sensibilité et mon imagination. L’espoir fait vivre. Car on reçoit beaucoup, ah ça! des connaissances, j’en ai. Par contre, je ne sais pas si je suis plus épanouie. Je pleure, je me renferme, je n’ai plus le temps d’écrire aux personnes qui me sont chères, je n’ai pas le temps de répondre aux gentillesses, je procrastine comme jamais. Comme si le monde allait m’attendre, attendre que j’aille mieux et que j’ose retourner vers eux. J’enterre ma grand mère et je n’arrive à pleurer qu’au coeur de la foule. D’ailleurs, est-ce que j’ai seulement prit le temps de faire mon deuil, alors qu’entre funérarium et messe, je travaillais 12h par jour pour terminer un dossier…?!

Je dois aussi à mes études… 30 kg de plus, 30 kg de stress qui ont permis de me foutre le dos en l’air au passage, puis les jambes. Bah oui. Je suis pas faite pour porter tout ça. Et en plus c’est que ça s’installe ces saloperies. On fait comment pour tout perdre ensuite ? Sérieux. J’ai des belles robes à mettre moi.Alors mon année 2009-2010, c’est quoi ? Juin-Août, disque lombaire déplacé, immobilisation, et au bout du compte, une année « excusée mais quand même redoublée », janvier – mars 2010, déchirure musculaire, phlébite, piqures, etc. Fin avril-début mai, ah ben on rempile sur un problème au même endroit. Juste à la fin des cours, comme si avoir manqué le début suffisait pas, maintenant va me manquer la fin. Et quoi j’arrive aux examens oraux avec mes certificats, mon milieu de matière et je dis « Excusez-moi, je suis mal fichue, mais si vous voulez je vous refile volontiers tout ça et je fais une année correcte ». On ne peut pas imaginer tant qu’on ne l’a pas vécu ce que ça peut être d’être en mauvaise santé, de ne pas pouvoir dire à un seul moment « Ca va bien, je n’ai mal nul part ». Non, c’est la peur de la douleur, la peur de bouger la jambe, la peur d’avoir mal et de ne pas pouvoir compter sur son corps, d’avoir peur de tomber car les jambes ne tiennent plus. C’est de passer pour une grand mère parce qu’on a besoin de s’asseoir après une demi-heure de marche. C’est avoir l’impression d’être vieille avoir d’avoir été jeune. C’est mettre son avenir en parenthèse « tant que ça dure » parce qu’on ne peut même pas avoir d’enfants dans cet état. C’est des larmes, des regrets, des envies frustrées car on peut pas faire ça, trop compliqué. C’est terrifiant……

Malgré tout, je voudrais dire à ces gens qui sont toujours là, ces amis des jours de pluie qui sont presque tous dans la même galère. Qui étouffent sur des fins d’études moroses. Qui se disent parfois « Bon et après, on fait quoi ? ». C’est vrai ça ? Après on fait quoi ? On fait les conclusions d’une aventure humaine de 5 ans et plus nommée Etudes qui a des bons et des mauvais cotés. On se dit qu’on a quand même rencontré quelques belles personnalités et qu’on les remercie car sans elles, on aurait peut-être pas pu être encore là, avoir le courage et le soutient. Il y a quand même du bon, parfois. Ces personnes là sont rares et précieuses. Elles savent être futiles lorsqu’il faut mais attentives à d’autres moments. Merci d’être là 🙂

Et puis vous savez quoi ? Cet article formelle a fini en étalement de tout ce que j’ai sur le coeur depuis 1 an, quelque part ça me fait du bien. Car certaines personnes qui sont censées être proches de moi ne savent peut-être même pas par quoi je suis passée et je passe. Et puis… je suis comme ce personnage, assis dans son fauteuil, les jambes liées, dessinant l’extérieur avec mélancolie, en voyant le temps passer sans savoir rien faire….

Je vous embrasse, ceux qui auront le courage de lire jusque ici 🙂

4 réponses à « Demoiselle de la tour »

  1. J’aime beaucoup ce nouvel environnement! Que de choses qui séduisent mon œil. Et tu sais que j’aime aussi les histoires de demoiselles dans des tours (ha souvenirs d’il y a quelques années 😉 )
    Je sais que je suis loin, peu présente, toute à mes préoccupations, mais je t’envoie un wagon de bonnes ondes pour tes exams et pour ta santé! Je sais ce que c’est d’avoir des périodes où la santé est très fragile et où l’on vit dans la peur que tout parte en couille, la sensation d’être un boulet pour les autres, bien portants.
    Je te fais de gros bisous et souhaite à ton imaginaire d’être à nouveau porté par ces petites montgolfières. 🙂

  2. Je suis contente que ça te plaise, à vrai dire je suis assez satisfaite du résultat et puis, je me suis bien amusée pour le réaliser, c’est déjà ça de prit ! Et oui, en effet, je n’ai pas pu m’empêcher de repenser en écrivant tout ça à ton « test pour les Nouvelles Demoiselles en Détresse » :p ! … Des biens bons souvenirs 😀

    En tout cas merci pour les ondes, puis ça me fait plaisir ce petit mot, franchement 🙂

    En tout cas, je me sens bien ici, c’est la première fois que je parle de moi sur ce journal. Cela m’a fait du bien, en tout cas, c’est sortit tout seul, c’était pas prévu. Parfois, faut peut-être lâcher prise, j’imagine.

    Bisous ^^
    *A trop envie de sauter dans le petit nautilus pour faire le tour de l’aquarium :D*

  3. « Je n’ai pas pu m’empêcher de repenser en écrivant tout ça à ton « test pour les Nouvelles Demoiselles en Détresse » :p ! »
    -> mouarf, c’est vrai! Je suis sure que en le refaisant aujourd’hui je changerai de catégorie ! ^^’ Mais je l’ai plus ce truc !
    Bon je vais lire ton billet sur l’illu de Mélanie. Ça va me rappeler des souvenir de mes cours lol !
    Biz

  4. Mdr 😀
    J’ai toujours les images des différentes catégories :p Je me rappelle que j’étais schizophrène :p … En tout cas, je me rappelle qu’il était vraiment bien foutu ^^!
    Ahah… ouais, enfin, j’avoue, j’ai utilisé le système d’analyse pseudo scientifique pour une fois pour me faire plaisir sans chercher à me prendre la tête :p Y a peut-être d’autres choses à dire :’) Si jamais tu as des idées !

    Biz ^^

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