» Comme je paressais, par une morne après-midi, mon imagination, manifestement froissée d’être aussi peu sollicitée, me faussa soudain compagnie. Je venais de perdre ce que le poète Wordsworth appelait son « oeil intérieur ». Mais avais-je réellement perdu l’imagination, ou l’avait-je simplement égarée en la laissant vaguer à sa guise dans le monde ordinaire, le monde normal ? «
Extrait de L’Auberge de Nulle-Part, de Roberto Innocenti et J.P.Lewis.
C’est étonnant qu’en lisant un des albums de mon mémoire, j’ai eu l’envie de sortir ma tablette de sa boite en osier. La pauvre y attend depuis au moins un an. Cette citation de l’album L’auberge de Nulle-Part a eu le mérite de mettre des mots sur ce que j’ai vécu ces dernières années, au point de m’entendre dire un jour « M’enfin, t’as pas d’imagination ? ». Aie ouille, à force d’étudier, de voir les choses d’un oeil acerbe, critique, objectif, j’en ai fini par délaisser peu à peu le spontané et le subjectif ?
Il est si difficile de se consacrer des instants hors du temps, hors stress, hors sujets triviaux, familiaux et prosaïques. Le plus ironique dans l’histoire c’est que je me retrouve par choix à étudier les ouvrages et oeuvres d’artistes de jeunesse, en oubliant que cette sensibilité là – la vision artistique – je l’avais et que je vais en avoir rudement besoin au delà des théories et des grands mots pour comprendre et développer mon sujet. Sujet qui évolue peu à peu, pas aussi vite qu’il devrait, mais c’est un véritable labyrinthe où je dois moi même trouver le fil, créer les termes qui vont définir les principes et les concepts, c’est un cadeau empoisonné d’être la première chercheuse sur un sujet 😉
Moi aussi je veux aller dans l’Auberge de Nulle-Part.