Hospitaller: I put no stock in religion. By the word religion I have seen the lunacy of fanatics of every denomination be called the will of god.
Holiness is in right action, and courage on behalf of those who cannot defend themselves, and goodness. What god desires is here [points to head]
Hospitaller: and here [points to heart]
Hospitaller: and by what you decide to do eveyday, will make you a good man… or not.
Oyé Oyé braves gens ! Voici l’histoire de la chute de Jérusalem et de sa prise par les armées de Saladin à la suite de la bataille de Tibériade, le 4 juillet 1187. Deux ans après la mort du très aimé et respecté Baudouin IV dit « Le lépreux » à l’âge de 24 ans, Guy de Lusignan et de sa femme Sybille allaient mener le royaume à sa perte. Dans ce tourbillon de feu et de destruction s’ajoute en lettre de sang les noms de Renaud de Chatillon, fanatique chrétien et Balian d’Ibelin, chevalier défenseur de Jérusalem.
Le thème & l’histoire
Au départ, j’avais quelques craintes sur la manière dont le sujet allait être abordé, il est facile de tomber dans le manichéisme. Le thème des croisades n’est pas neutre, il peut être plus ou moins bien traité. Au final, le film montre des croyants, des hommes de toutes les confessions religieuses qui sont semblables à bien des égards. Ce n’est pas tant à cause de leur religion que les hommes sont différents mais par leurs actes : le fanatisme, l’aveuglement, l’avidité, la vengeance et la haine… mais aussi l’intelligence, l’humanité, l’honneur et de l’estime de l’autre. En outre, Ce film entre en résonance avec notre époque. Les âges passent mais les civilisations continuent de se battre et de se détester pour des offenses que d’autres ont commis…
Balian est un archétype, il est le vecteur de la narration. Le fil rouge d’une époque agitée baignant la violence. L’histoire du personnage n’a pas à être véridique, ce n’est pas un film réaliste ou historique, c’est une image de notre histoire, une simple interprétation. De plus, on ne peut se baser sur notre conception d’homme « moderne » pour comprendre le mode de fonctionnement de cette époque des croisades. Ce ne sont pas nos repères et nos valeurs ne sont pas les leurs. Et s’il nous parait improbable qu’un forgeron devienne un chevalier, d’autres personnages tels que Cosme Ier (élevé à la campagne pendant 19 ans, devint un des Médicis les plus brillants) nous prouve le contraire. Les événements façonnent les hommes, leur intelligence et leur résilience sont les ferments de leur grandeur.
Balian est inspiré d’un personnage historique, créé et romancé sur les bases de documents épars dont on a tenté de donner une unité. On a tendance, à tort, de croire que l’histoire est écrite, une fois pour toute, dans les livres. Il ne s’agit d’une vision erronée, une parcelle de vie dont on aura jamais tous les tenants et les aboutissants. Une image de nos ancêtres telle qu’on le souhaiterait. Il est idiot de croire que le cinéma ou les documentaires historiques sont véridiques ou réalistes, surtout sur des périodes si reculées qu’elles se fondent dans le brouillard.
L’histoire est un palimpseste mainte fois réécrit. Seules les pierres des forteresses, les épées, les pointes de flèches et les corps atrocement mutilés trouvés par les archéologues dans le sable du Gué de Jacob sont des témoignages réels et bouleversants.
[box type= »info »] La bataille du Gué de Jacob est historiquement dans la période « fantaisiste » décrite par le film, on y retrouve le roi de Jérusalem Baudouin III et Renaud de Châtillon. Ce siège fut d’une violence sans nom… si on en juge l’état des restes humains trouver sur place. Un des documentaires de National Geography « De l’ombre à la lumière : La dernière bataille des Templiers » traite de ce sujet. Celui-ci raconte les faits et présente les découvertes archéologiques. Ces combats ont sans doute inspiré le siège de Kerak dans le film ainsi que la bataille d’Hattin (1187).
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Ce récit « prétexte » est donc là pour nous conter une histoire. Celle des hommes de bonne volonté face à la bêtise fanatique et aveugle des autres. Un sujet malheureusement d’actualité.
Il a été reproché au film de diaboliser les chrétiens et certains croisés particulièrement. Peut-être faut-il arrêter de voir ces personnages historiques comme des extensions de nos mentalités bien pensantes ? Ces hommes étaient dans leur logique, dans leur foi, les chrétiens du XIIème siècle n’étaient pas des pacifiques. Ils ne peuvent être utilisés comme une mise en avant de nos valeurs actuelles…. Les croisées ont leurs zones d’ombres tout comme les Sarrasins. Ce que j’apprécie dans ce film, comme vous l’aurez compris, c’est que l’on met en avant les deux versants. L’histoire nous a montré que lorsque des hommes intelligent et responsables préféraient favoriser la vie au chaos, les combats étaient évités. Honneur, courage et estime mutuel des belligérants qui permet parfois contre toute attente de faire naître des trêves.
Balian of Ibelin: [holds a speech to the people of Jerusalem] It has fallen to us, to defend Jerusalem, and we have made our preparations as well as they can be made. None of us took this city from Muslims. No Muslim of the great army now coming against us was born when this city was lost. We fight over an offence we did not give, against those who were not alive to be offended. What is Jerusalem? Your holy palaces lie over the Jewish temple that the Romans pulled down. The Muslim places of worship lie over yours. Which is more holy?
[pause]Balian of Ibelin: The wall? The Mosque? The Sepulchre? Who has claim? No one has claim.
[raises his voice]
Balian of Ibelin: All have claim!
Jerusalem: That is blasphemy!
Almaric: [to the Patriarch] Be quiet.
Balian of Ibelin: We defend this city, not to protect these stones, but the people living within these walls.Nasir: [to Balian] Your quality will be known among your enemies before ever you meet them, my friend.
Jérusalem était-elle morte avec le roi Baudouin IV ? Sa Jérusalem, sans doute. Elle était le fruit de sa volonté de vivre en harmonie. Elle était le fruit d’une conception nouvelle, pétrie de tolérance et d’échange.
Saladin: May peace be with you.
Balian of Ibelin: Alakum-al-salam.
Le film
Kingdom of Heaven Extended Trailer
En ce qui concerne le film, il y a plusieurs choses à dire :
La photo réalisée par John Mathieson est soignée et sert le propos, à travers les camaïeux, on perçoit la différence entre l’Europe (tons bleutés « froid ») et la terre sainte (tons orangés « chaud »). Les périodes de combats sont souvent dans bruns sales qui pourrait rappeler la couleur du sang sur le sable…
Les scènes de batailles en tant que telles sont rondement menées, crues néanmoins la violence n’y est pas gratuite, ils utilisent le montage afin de mieux figurer les effusions de sang sans pour autant y avoir recours : par exemple, lors d’un passage de Balian sur le chemin ronde où il s’attaque à plusieurs adversaires, chaque coup est montré en alternance avec les seaux de poix jetés par dessus les remparts. La poix figure ainsi les gerbes de sang…
Certaines prestations d’acteurs sont plus marquantes que d’autres : Tiberias (Jeremy Irons),Baudouin IV (Edward Norton) et Saladin (Ghassan Massoud) sont ainsi particulièrement convaincants et charismatiques.
Baudouin IV est réellement bouleversant, ce frêle jeune homme est peut-être même le personnage le plus charismatique de cette histoire, il EST l’idéal de la cité des cieux, il est l’âme de cette Jérusalem tiraillée voir défigurée dont tout le monde s’arrache les murs : cette âme ciselée à l’image de ce masque d’argent qu’il arbore, un être de paix dans un corps brisé.
Saladin est l’autre personnage fascinant, brillamment interprété. Personnage redouté, respecté parmi tous, magnifique prédateur aux yeux noirs qui observent ses ennemis avec tout à la fois cruauté, estime, et parfois bonté et tolérance. A la manière de cette scène, où foulant les pavés de la cité conquise, il se saisit d’une croix tombée au sol et la remets à sa place. Alors que Balian vient de céder Jérusalem, il lui demande ce que cette ville signifie pour lui, cette réponse défini parfaitement l’ambigüité du personnage : Rien. Tout.
Guy de Lusignan (Marton Csokas) et Renaud de Chatillon (Brendan Gleeson) sont délicieusement détestables, ils sont convaincants dans leurs rôles, ils sont les « méchants » méprisables, les scénaristes ont sans doute un peu forcé le trait.
Sibylle de Jérusalem est incarnée par la magnifique Eva Green aux yeux magnétiques. Si la soeur du roi lépreux a bien existé et fut la femme de Guy de Lusignan, elle ne fut pas la reine qui épousa Balian d’Ibelin. Celle-ci se nommait Marie Comnène, jeune veuve du roi Amaury Ier, prédécesseur de Baudouin IV. Ils ont donc pour les besoins du scénarios fusionné l’histoire de ces deux femmes en une seule.
Quant à la musique, des rythmes anciens se mêlent à des mélodies plus actuelles telles qu’Harry Gregson-Williams sait le faire. Des chants grégoriens modernisés en somme, sur fond d’envolée épique. Les rythmes et les chants arabisants viennent se greffer à l’ensemble. Ce qui donne un ensemble assez harmonieux et évocateur de l’époque telle qu’elle a été rêvée par les créateurs du film. Pour la petite histoire, j’ai connu le film à travers la musique qui égayait mes journées d’études d’archéologie médiévale.
Mes morceaux favoris : Crusaders The Battle of Kerak